Sous la forme d’une magistrale enquête philosophique et historique, ce livre propose une histoire inédite : une histoire environnementale des idées politiques modernes. Il n’ambitionne donc pas de chercher dans ces dernières les germes de la pensée écologique (comme d’autres l’ont fait), mais bien de montrer comment toutes, qu’elles se revendiquent ou non de l’idéal écologiste, sont informées par une certaine conception du rapport à la terre et à l’environnement.
Il se trouve que les principales catégories politiques de la modernité se sont fondées sur l’idée d’une amélioration de la nature, d’une victoire décisive sur ses avarices et d’une illimitation de l’accès aux ressources terrestres. Ainsi la société politique d’individus libres, égaux et prospères voulue par les Modernes s’est-elle pensée, notamment avec l’essor de l’industrie assimilé au progrès, comme affranchie vis-à-vis des pesanteurs du monde.
Or ce pacte entre démocratie et croissance est aujourd’hui remis en question par le changement climatique et le bouleversement des équilibres écologiques. Il nous revient donc de donner un nouvel horizon à l’idéal d’émancipation politique, étant entendu que celui-ci ne peut plus reposer sur les promesses d’extension infinie du capitalisme industriel.
Pour y parvenir, l’écologie doit hériter du socialisme du XIXe siècle la capacité qu’il a eue de réagir au grand choc géo-écologique de l’industrialisation. Mais elle doit redéployer l’impératif de protection de la société dans une nouvelle direction, qui prenne acte de la solidarité des groupes sociaux avec leurs milieux dans un monde transformé par le changement climatique.
Décrire la totalité des phénomènes célestes et terrestres rapportés à la planète, en employant une langue élégante : telle est l'ambition de Cosmos. Esquisse d'une description physique du monde (Kosmos Entwurf einer physischen Weltbeschreibung), œuvre à la fois scientifique, littéraire et philosophique, dont les deux premiers – et principaux – des cinq volumes sont publiés en 1845. Son auteur, le baron prussien Alexander von Humboldt (1769-1859), y intègre toutes les observations qu'il a pu effectuer lors de ses voyages sur plusieurs continents, ses recherches géographiques mais aussi physiques, géologiques, magnétiques, météorologiques, botaniques et même linguistiques et ethnographiques. Cosmos, un des ouvrages fondateurs de la géographie moderne, analyse aussi les relations que l'homme entretient avec la nature depuis l'Antiquité. En tant que savant, Humboldt apporte de précieuses contributions à la géographie générale, la géomorphologie, la climatologie et le géomagnétisme ; il pose également les linéaments de la description des caractères géologiques à l'échelle du globe. Surtout, il s'interroge sur ce que nous appellerions les fondements épistémologiques de la géographie comme science humaine. Savant-citoyen du monde, scientifique passionné et vulgarisateur hors pair, Humboldt espérait pacifier et changer le monde grâce à la diffusion des connaissances (l'université de Berlin porte son nom, associé à celui de son frère, le philologue Wilhem von Humboldt). Oublié par l'Allemagne impériale et nazie, longtemps peu lu en France, ce génie polyglotte, médiateur entre Paris et Berlin, a été redécouvert à la fin du XXe siècle.
— Juliette GRANGE
Anita Conti (1899-1997), qu’on surnommait « la dame de la mer », est une légende à l’égal d’Alexandra David-Néel et d’Ella Maillart. Pionnière de l’écologie maritime, elle est aussi la
première femme à avoir vécu le « grand métier » : en 1952, elle embarque pendant six mois sur le chalutier-saleur Bois-Rosé pour partager la dure vie des pêcheurs de Terre-Neuve. Best-seller dès sa parution en 1953, Racleurs d’océans témoigne de l’âpreté et de la difficulté de vivre à bord, tout autant que de la splendeur sauvage de l’océan arctique.
Premier ouvrage sur le scandale des pesticides, Printemps silencieux a entraîné l’interdiction du DDT aux États-Unis. Cette victoire historique d’un individu contre les lobbies de l’industrie chimique a déclenché au début des années 1960 la naissance du mouvement écologiste. Printemps silencieux est aussi l’essai d’une écologue et d’une vulgarisatrice hors pair. En étudiant l’impact des pesticides sur le monde vivant, du sol aux rivières, des plantes aux animaux, et jusqu’à nos cellules et notre ADN, ce livre constitue l’exposition limpide, abordable par tous, d’une vision écologique du monde. Avec plus de 2 000 000 d’exemplaires vendus, Printemps silencieux est un monument de l’histoire culturelle et sociale du 20e siècle.
Vendu à 1 000 000 dʼexemplaires, traduit dans 30 langues, La Mer autour de nous est lʼun des ouvrages les plus célèbres au monde sur lʼunivers marin. Cette synthèse vibrante et passionnée, destinée au grand public, a influencé plusieurs générations dʼocéanographes.
Pour tous les lecteurs, à partir de 12 ans.
Les avancées récentes de l’anthropologie l’ont amplement démontré : la partition nature/culture qui fonde l'ontologie moderne occidentale et qui s’est imposée partout n’est pas la seule façon d’être au monde, encore moins la forme ultime de la civilisation. Un tel dualisme, qui sépare corps et esprit, émotion et raison, sauvage et civilisé, acteur et chercheur, humains et autres qu’humains, nous empêche de nous vivre comme partie du monde et nous conduit à le détruire. Dès lors, le projet émancipateur ne saurait se limiter à « changer le monde ». Il s’agit aujourd’hui de changer de monde.
Des mouvements indigènes du Sud aux "zones à défendre" (ZAD) du Nord, les conflits politiques renvoient à des visions divergentes quant à la composition du monde et aux façons d’en prendre soin. Autrement dit, à un conflit ontologique. Comment, à l'heure de la crise écologique et face à l'échec de la mondialisation, penser cette dimension ontologique de la politique ? Comment engager notre transition, en dialogue avec luttes des peuples non-occidentaux et les cosmologies non-modernes, pour habiter en conscience le plurivers, ce monde des mondes qu’est notre planète ?
«Atlas, dans la mythologie, représente un géant capable de tenir la Terre sur ses épaules sans en être écrasé. Mais quand Gérard Mercator publie en 1538 ce qu'il décide d'appeler un Atlas, le rapport des forces s'est complètement inversé : un “Atlas” est un ensemble de planches, imprimées sur du papier, quelque chose que l'on feuillette et que le cartographe tient dans sa main ; ce n'est plus la Terre que l'on a sur le dos et qui nous écrase, mais la Terre que l'on domine, que l'on possède et que l'on maîtrise totalement. Près de cinq siècles après, voilà que la situation s'inverse à nouveau_: paraît un “Atlas” qui permet aux lecteurs de comprendre pourquoi il est tout à fait vain de prétendre dominer, maîtriser, posséder la Terre, et que le seul résultat de cette idée folle, c'est de risquer de se trouver écrasé par Celle que personne ne peut porter sur ses épaules.» Bruno Latour
Changement climatique, érosion de la biodiversité, évolution démographique, urbanisation, pollution atmosphérique, détérioration des sols, catastrophes naturelles, accidents industriels, crises sanitaires, mobilisations sociales, sommets internationaux… Voici le premier atlas réunissant l'ensemble des données sur la crise écologique de notre temps.
Naturaliste, géographe, explorateur, Alexander von Humboldt (1769-1859) est le grand scientifique des Lumières. Il a donné son nom à des villes, des rivières, des chaînes de montagnes, à un courant océanique d'Amérique du Sud, à un manchot, à un calmar géant ? il existe même une Mare Humboldtianum sur la Lune. Sous la plume d'Andrea Wulf, sa vie se lit comme un roman d'aventures : Humboldt a organisé des expéditions dans la forêt tropicale, escaladé les plus hauts volcans du monde et rencontré des princes et des présidents, des scientifiques et des poètes. Napoléon le jalousait ; Simón Bolívar s'est imprégné de ses idées pour mener à bien sa révolution ; Darwin a embarqué sur le Beagle à cause de lui ; et le capitaine Nemo de Jules Verne possédait tous ses livres dans sa bibliothèque. À une époque où l'on pouvait embrasser toutes les connaissances scientifiques, Humboldt n'a cessé d'arpenter le monde pour en déceler les secrets et les expliquer. En 1800 déjà, il prédisait les changements climatiques causés par l'homme. Ses idées ont révolutionné la science, la politique, l'art et la théorie de l'évolution. Grand visionnaire, amoureux du monde vivant, de ses mystères et de ses beautés, Humboldt a inventé la nature telle que nous la percevons aujourd'hui.
Les forêts pensent-elles ? Les chiens rêvent-ils ? Dans ce livre important, Eduardo Kohn s’en prend aux fondements même de l’anthropologie en questionnant nos conceptions de ce que cela signifie d’être humain, et distinct de toute autre forme de vie. S’appuyant sur quatre ans de recherche ethnographique auprès des Runa du Haut Amazone équatorien, Comment pensent les forêts explore la manière dont les Amazoniens intéragissent avec les diverses créatures qui peuplent l’un des écosystèmes les plus complexes au monde. Que nous l’admettions ou non, nos outils anthropologiques reposent sur les capacités qui nous distinguent en tant qu’humains ; pourtant, lorsque nous laissons notre attention ethnographique se porter sur les relations que nous tissons avec d’autres sortes d’êtres, ces outils – qui ont pour effet de nous aliéner du reste du monde – se révèlent inopérants. Comment pensent les forêts entend répondre à ce problème. Cet ouvrage façonne un autre genre d’outils conceptuels à partir des propriétés étranges et inattendues du monde vivant lui-même. Dans ce travail revolutionnaire, Eduardo Kohn entraîne l’anthropologie sur des chemins nouveaux et stimulants, qui laissent espérer de nouvelles manières de penser le monde, monde que nous partageons avec d’autres sortes d’êtres.